Bouille de neige

Publié le par Emmanuel

Oh, j'aimerais tant qu'il neige ! Si je vous dis ça, ce n'est pas que j'aie l'intention de transformer ce blog, quoiqu'encore vierge et innocent, en déversoir à émotions pour jeunes filles en pot.

En fait, si je veux de la neige, c'est parce que l'hiver à Moscou, ça n'est pas toujours, comme on se l'imagine, des tourbillons de gros flocons qui vous enveloppent, vous et une superbe créature aux pommettes rougies par le froid, au beau milieu de la place Rouge. Moscou l'hiver, c'est aussi des dégels brusques qui déchaînent sur vous le fléau des trottoirs : la bouillasse.

La bouillasse, c'est l'ennemi. Elle se jette avec voracité sur vos chaussures toutes nettoyées de frais, elle dissout les meilleurs cirages anglais. Boue, huile de vidange, restes de sel et traces de neige : c'est elle. La bouillasse vous attend sournoisement au moment où vous vous y attendez le moins, à l'entrée de la station de métro, quand vous pensez déjà être à l'abri - trop tard ! Vous êtes pris. Elle rumine, elle fulmine, elle veut vous nuire. C'est une méchante. Elle prend un malin se plaisir à se prélasser aux endroits des trottoirs où les camions viennent faire leurs livraisons, et ne manquent pas de vous éructer des gerbes marronnasses sur le pantalon. Elle se vautre sur plusieurs mètres à l'emplacement des passage piétons. Avec un vice incroyable, elle cache des plaques de verglas à moitié fondu sous son terne maelström.

Le pire, c'est la neige morte. Vous mettez le pied dedans, et c'est comme mordre du chocolat à bulles, cette espèce d'ersatz au cacao qui ressemble à du gruyère. Pis encore, vous le savez, elle est condamnée : impossible de revoir ce petit tas grisâtre, autrefois joli drap blanc tapissant la chaussée, devenir un support praticable pour vos petits petons. Non, cette neige est morte. Comme un homme mordu par un zombie, elle a été contaminée - s'il ne gèle pas vite fait, vous le savez, ce tas de neige morte se transformera inéluctablement en bouillasse.

Même si vous avez de la chance, et qu'il regèle un peu, la bouillasse ne disparaît pas. Elle verglace. Et bonjour les gamelles. Car même gelée, elle ne perd rien de sa malignité. Elle ne fait qu'attendre le jour où le thermomètre fera son retour positif - lundi en gros. Et là...

Oh, j'aimerais tant qu'il neige !
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E
Merci, ça a marché ! bises
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F
Hola bel Hidalgo,<br /> Ici, ma foi, le temps ne semble pas savoir quoi faire, alors, il change sans arrêt! Un coup il fait chaud, à la limite du t-shirt dehors, et la minute d'après, y a des bourrasques froides et humides qui te soufflent dans les naseaux et le cou. Parfois il pleut, parfois, il gèle... du grand n'importe quoi ! <br /> M'enfin, bon, hein, nous au moins on n'a pas... la bouillasse!<br /> Je te bizz, mon Zinc, et je t'envoie plein d'anti-bouillasse virtuel :-)
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F
alors... comment ça fonctionne...?
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